vendredi 29 mars 2013

Hula Girls


Aloha!


Titre original: フラガール
Année : 2006
Réalisation, Scénario, etc. : Sang-Il Lee, Daisuke Habara
Durée : 120 min
Pays : Japon
Genre : Comédie dramatique

Avec : Yasuko Matsuyuki = Madoka Hirayama
Etsushi Toyokawa = Yojiro Tanigawa
Yu Aoi = Kimiko Tanigawa
Ittoku Kishibe = Mr Yoshimoto
Sumiko Fuji = Chiyo Tanigawa
Shizuyo Yamasaki = Sayuri Kumano
Shoko Ikezu = Hatsuko Sasaki
Eri Tokunaga = Sanae Kimura

Le début :

 Sanae est une jeune fille qui a grandi dans une petite ville minière du nord du Japon. Elle n'est guère emballée à l'idée de devoir travailler à la mine. Lorsqu'elle voit un jour une affiche annonçant l'audition de danseuses de hula, elle veut saisir sa chance de s'extraire de son triste paysage. Elle essaie de convaincre son amie Kimiko de passer l'audition avec elle... 

  
Mes impressions :

 En ces temps de crise, quoi de mieux que la douce amertume d'une comédie sociale? Et puis, celle-ci est une belle réussite (la comédie, pas la crise...), alors j'ai bien fait de me lancer.


 Ce film aux multiples récompenses est tiré de faits réels. Le personnage de Madoka Hirayama - la prof de danse - a été inspiré par Kaleinani Hayakawa qui a ouvert la première école de danses hawaiiennes au Japon et qui serait à l'origine de l'engouement des japonais pour ces danses:

Kaleinani Hayakawa en 2008
(Source: http://thegardenisland.com/news/local/county-expanding-ohana/article_7a4a8e52-cd55-11e0-a411-001cc4c03286.html)

***

  Nous sommes à Iwaki, petite ville minière au nord est du Japon. L'action se situe au milieu des années 60. La concurrence du pétrole est trop grande et les mines ferment les unes après les autres. Le climat social est extrêmement tendu, les habitants sont en colère et protestent contre le licenciement de plusieurs centaines de mineurs. Dans ce climat survolté, Monsieur Yoshimoto (Ittoku Kishibe) a la délicate tâche d'annoncer l'ouverture prochaine du "Joban Hawaiian Center", un parc à thème dont l'attraction principale serait une troupe de danseuses de hula qui seraient recrutées parmi les jeunes femmes d'Iwaki. Le but est d'attirer des touristes afin qu'Iwaki ne meure pas malgré la fermeture annoncée de la mine. Cette idée provoque un tollé parmi les habitants, persuadés que personne ne peut "faire venir Hawaii" dans cet endroit si froid.
 De plus, la danse, c'est une chose... mais les danses hawaiiennes! Les femmes considèrent que ces danses sont très vulgaires et elles ne sont pas disposées à montrer leur nombril! Elles assimilent même les danseuses à des prostituées! Il suffit de voir leur réaction lorsque Monsieur Yoshimoto leur projette un petit film de démonstration...


 ...scène comique s'il en est, mais pour la majorité d'entre elles, il ne fait aucun doute que la femme a le devoir d'élever ses enfants et d'aider son mari à la mine.
 Néanmoins, à l'instar de la ville qui est sur le point de subir quelques bouleversements, des coups de tonnerre retentissent dans les foyers lorsqu'il s'agit du statut de la femme: les plus jeunes aimeraient bien s'émanciper, pouvoir exprimer leurs opinions et faire autre chose que travailler à la mine tout en tenant la maison. Tous ces bouleversements annoncés se font dans la douleur et sont très bien traduits dans des scènes poignantes et émouvantes. Les personnages de Sanae (Eri Tokunaga) et Kimiko (Yu Aoi) en sont la parfaite illustration.
 Même si Kimiko est un peu dubitative au début et passe l'audition pour faire plaisir à son amie, elle se prend très vite au jeu et apprend le hula avec beaucoup de sérieux, allant jusqu'à faire l'école buissonnière pour apprendre à danser. Cela va donner lieu à une monumentale dispute avec sa mère, qui espérait que Kimiko décroche une bourse et fasse des études.


 Kimiko a un frère aîné - Yojiro (Etsushi Toyokawa). Sans surprise, il travaille à la mine. Il soutient sa petite sœur et l'encourage à aller au bout de sa passion.


   
 Sanae et Kimiko sont rejointes par Hatsuko (Shoko Ikezu) - qui est mère au foyer - et Sayuri (Shizuyo Yamasaki) - une jeune fille très grande, un peu empruntée, mais dont le rêve est de danser. Elles seront bien entendu rejointes par la suite par d'autres jeunes femmes.
 Ces quatre novices ne s'économisent pas pour apprendre cette discipline très difficile. Elles partent de loin car elles sont raides comme des piquets et ne sont pas gracieuses pour deux sous. Si l'on considère en outre que ce type de danse représente un choc des cultures, je vous laisse imaginer l'ambiance. Même si la crise est omniprésente, Hula Girls a son quota de scènes bien amusantes.  

  
 Le vent de changement (force 10 sur l'échelle de Beaufort ^^) qui souffle sur Iwaki apporte également une prof de danse peu banale en la personne de Madoka Hirayama (Yasuko Matsuyuki), une danseuse professionnelle venant tout droit de Tokyo qui est chargée d'auditionner les jeunes femmes et de leur enseigner le hula. Elle fume, elle boit - d'ailleurs, elle débarque complètement ivre et dépose une splendide gerbe en guise de présentation (^^). Elle est un peu bizarre et l'on devine très vite qu'elle cache des blessures psychologiques. Elle n'a pas l'habitude de mâcher ses mots et lorsqu'il faut sortir les griffes, elle y va. (La scène des bains publics est jubilatoire, même si un drame vient d'avoir lieu.) C'est un personnage complexe et attachant.



           
 J'aime beaucoup la relation qui se noue entre Kimiko et Madoka. Ce n'est pas une relation mère-fille, ce qui est fortement appréciable. La tentation était grande de tomber dans ce piège, étant donné que Kimiko est en froid avec sa mère et que Madoka prend la jeune fille sous son aile.
 C'est plutôt comme si l'on avait la même personne à deux âges différents. Elles sont toutes les deux rebelles, vont jusqu'au bout de leurs idées et ont du mal à exprimer leurs sentiments. Elles se comprennent.



 J'ai appris beaucoup de choses fort intéressantes, notamment sur le hula. Plus qu'une danse, les mouvements exécutés par les danseuses sont un véritable langage des signes.


 Les costumes, les chorégraphies et les musiques sont de toute beauté. J'ai été agréablement surprise par les talents de danseuse de Yu Aoi, que j'aime beaucoup. Elle a réussi à m'émouvoir aux larmes. Soit dit au passage, on peut verser une petite larme pour différentes raisons en regardant Hula Girls, à la fois parce que c'est beau, c'est drôle... et c'est triste!




 Les musiques - qui sont également très réussies - sont signées Jake Shimabukuro.

En conclusion :

 Je n'avais pas été émue et transportée de cette manière par un film depuis très longtemps. Hula Girls est une splendeur!
 Je vous laisse avec cette image qui est à mon sens la plus représentative: la troupe de danseuses au grand complet posant en tenue pour un magasine, avec la mine en toile de fond. J'adore ce charmant contraste entre la grisaille du décor et ces tenues aux couleurs vives ainsi que le sourire des filles. Tout l'esprit du film tient dans cette image.


 Notez que le Joban Hawaiian Center existe toujours. Il a subi des dommages importants lors de la catastrophe de mars 2011 - Iwaki est une ville côtière située au nord de Fukushima - mais il est de nouveau ouvert au public depuis février 2012.


IZA, le 29 mars 2013

4 commentaires:

Ageha a dit…

Je connaissais le film de nom, mais j'avais pas cherché plus loin, ta critique me donne vraiment envie de le voir! Et puis comment résister à Yu Aoi? J'aime beaucoup cette actrice et ses talents de danse ça ne m'étonne pas, vu sa performance dans Hana and Alice de Iwai Shunji! Et puis quand on parle de femmes un peu rebelles qui ont envie de sortir de leur vie de femme au foyer tout tracé, c'est un sujet qui me plait vraiment (on retrouve d'ailleurs ces sujets dans Ohisama). Vraiment je veux le voir, je note le titre, ça m'intéresse, merci!

Iza a dit…

J'espère qu'il te plaira autant qu'à moi. Si c'est le cas, tu devrais passer un excellent moment devant ce film. Alors, toi aussi, tu es fan de Yu Aoi? J'adore cette actrice. Ce rôle lui va comme un gant. Les rôles un peu marginaux lui vont bien aussi. Par contre, je n'ai pas vu "Hana and Alice".

Ageha a dit…

Oui ce genre de rôle lui va bien. Le trio d'actrice que j'aime : Yu Aoi, Miyazaki Aoi et Ito Ayumi. Pour moi ce sont 3 actrices qui ont beaucoup de talents et qui savent très bien choisir leur rôle! Hana and Alice date de début 2000 et les films de Shunji Iwai sont délicats et se laissent suivre tout doucement... je ne sais pas comment expliquer il faut au moins en voir un^^ Bref, Yu Aoi est superbe dans ce film :)

Sinon, pour Hula Girls, le thème aussi est original et puis en plus une histoire insolite inspirée de faits réels, ça m'intrigue!

Iza a dit…

Mon trio à moi: Juri Ueno, Haruka Ayase et Yu Aoi, mais j'aime aussi énormément Wakana Sakai et Yuki Amami (dans des styles totalement différents ^^).
A ton tour de m'intriguer avec ce mystérieux "Hana and Alice"! Je vais de ce pas voir si tu as publié un avis dessus...