mardi 31 mars 2020

Les Passagers de la nuit

Le film où Lauren Bacall n'arrête pas de te sourire, mais en fait c'est pas vraiment à toi qu'elle sourit.



Titre original: Dark Passage
Année: 1947

Réalisation, Scénario, etc. : Delmer Daves, Jerry Wald
Musiques: Franz Waxman 
Durée: 106 minutes
Pays: USA

Genre: Film noir,
adaptation du roman éponyme (publié en 1946) de David Goodis

Avec: Humphrey Bogart = Vincent Parry
Lauren Bacall = Irene Jansen
Bruce Bennett = Bob
Agnes Moorehead = Madge Rapf
Clifton Young = Baker
Tom D'Andrea = Le chauffeur de taxi
Houseley Stevenson = Walter Coley
 
Le début:


Accusé à tort du meurtre de son épouse et condamné à perpétuité, Vincent Parry (Humphrey Bogart) s'évade de la prison de San Quentin. Mais alors, si ce n'est pas Vincent qui a tué sa femme, qui a fait le coup?
Une mystérieuse jeune femme prénommée Irene (Lauren Bacall) arrive de nulle part (enfin... si... de chez elle) et insiste pour aider Vincent. Elle le cache dans son véhicule et l'emmène chez elle, à San Francisco. Ah ben, ça tombe bien: c'est justement là qu'il voulait aller !


Mes impressions:


Ce mois-ci, je ne vous cache pas qu'il m'aura fallu de la motivation pour rédiger un article pour le blog. J'ai fait plusieurs tentatives, essayé une série japonaise, un film coréen, rien n'y a fait... pas moyen de me lancer. J'ai compris pourquoi au bout d'un moment: je culpabilisais. Tout simplement. Extrait de la prise de tête que j'ai eue avec moi-même:
IZA: Aaaargh... j'ai pas envie de regarder la suite de ce dramaaaa...
IZA: Ben, essaie un film. Tiens, ce p'tit film coréen, là, il a l'air plutôt sympa, non?
IZA: Bof, mouais, mais non.
IZA: Pfff... Tu me saoules, là !
IZA: Ouais, mais tu comprends, j'ai plein de boulot pour la fac et si je m'amuse un peu, c'est du temps de perdu pour les études, non?
IZA: Eh ben, pourquoi ne pas regarder un film qui soit en rapport avec les études, un film en VO pour entraîner tes petites zoreilles à écouter de l'anglais? Hein? Kess t'en penses?
IZA: Mais oui ! La voilà, l'idée!! MERCI, t'es super. Bisous !
IZA: Mais de rien B-) ... (Heureusement que tu m'as...)
... Ahem. Et voilà comment je me suis retrouvée à regarder Les passagers de la nuit... je veux dire Dark Passage, étant donné que oui, je l'ai regardé en VO. J'ai lu le roman il y a quelques mois et en fait de lire, disons plutôt que je l'ai dévoré. Et le plus marrant, c'est que le protagoniste que j'avais imaginé, eh ben il ressemblait un peu à Humphrey Bogart. Et dès les premières minutes, tu te dis que c'est bien de regarder ce film en VO, parce que question COMPREHENSION en mode commando, le père Bogart, il se pose là! J'avais oublié qu'il parlait dans ses dents, le dernier film que j'ai regardé avec lui, ça date de... de... de... de longtemps !

***

Dès les premières minutes, et pendant la première partie du film, le spectateur est dans la peau de Vincent: les scènes sont filmées du point de vue du protagoniste, on ne voit pas le visage de Vincent. On s'y habitue au bout de quelques minutes. Les mouvements de caméra ne sont pas toujours réalistes à mon goût, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire lorsque Vincent a allumé la cigarette d'Irene: on dirait qu'ils se tiennent à 1 mètre l'un de l'autre.


Le fait de choisir un tel point de vue n'est pas une idée fantaisiste du réalisateur. On pourrait penser que cela soit dû au fait qu'il veuille à tout prix que le spectateur prenne parti pour Vincent. Par exemple, on sort les violons et on vous déballe le grand numéro, Vincent est innocent, regardez ce que ça fait d'être à sa place, accusé à tort, prenez parti pour Vincent ! La véritable raison de ce choix est en fait beaucoup plus prosaïque. Afin de passer inaperçu, car il est recherché partout, Vincent décide de se faire faire un rapide ravalement de façade. Donc, on va effectivement voir Bogart de face, mais une fois que l'opération a eu lieu, vous voyez le truc? Ingénieux, non? Pis ça permet de ne payer qu'un seul type pour deux rôles, LOL. Ah, au fait, c'est le docteur Walter Coley qui refait le portrait de notre homme. Eh ben là, tout de suite, on a envie de lui faire confiance à Walter, vous ne trouvez pas?



La raison pour laquelle Irene tient tant à aider Vincent est très simple: son père, Calvin Jansen, s'est retrouvé en prison pour le même motif que Vincent. Calvin n'a jamais eu de cesse de clamer son innocence et ce, jusqu'à son dernier souffle. Irene est persuadée que son père était effectivement innocent. Elle a suivi le procès de Vincent et elle est intimement convaincue qu'il l'est tout autant.


L'intrigue est très bien ficelée et, bien sûr, qualité de l’œuvre originale oblige, riche en rebondissements. Etant donné que je connaissais la fin, je n'ai pas eu le frisson final, mais c'était tellement bien joué et tellement bien amené que j'ai apprécié le film jusqu'à la dernière seconde. Agnes Moorehead (que j'adore) offre au spectateur l'une des meilleures scènes de ce film.
Et, bien sûr, mon sentiment de culpabilité s'est envolé, étant donné que j'ai joint l'utile à l'agréable !

En conclusion:

Les Passagers de la nuit, c'est du lourd, c'est un classique du genre. Je suis presque toujours méfiante lorsque je regarde une adaptation d'un très bon roman, j'ai tellement peur d'être déçue... mais là, je n'ai pas été déçue du tout.
Alors, je vous recommande la lecture du roman, bien entendu. Ensuite, si vous aimez le genre, cette adaptation est vraiment de très bonne facture.




IZA, le 31 mars 2020